Course d’obstacles contre le temps et l’espace.
Dans un entretien, Thomas Zöschinger, responsable de la sortie des marchandises, esquisse la situation tendue dans le secteur du transport.
Conditionnement hygiénique et livraison ponctuelle à destination ? Pour la livraison de nos CTA, cela coule de source. Mais le secteur complexe de la logistique est devenu un terrain extrêmement miné. Dans cet entretien, Thomas Zöschinger présente les impondérables contre lesquels il se bat au quotidien. Il aborde avec sincérité ce qui a changé. Quels sont les obstacles qui se dressent sur la route et comment robatherm parvient à les surmonter de manière professionnelle.
Interview
Dans le cadre de l’expédition, vos missions et vos objectifs sont clairs : tout doit arriver à l’heure et intact chez le client. Qu’est-ce qui a changé au cours des dernières années ?
Thomas Zöschinger: Beaucoup de choses. La pandémie a bien entendu généré de nouveaux défis. Les formalités de voyage et de quarantaine en perpétuelle évolution ont quelque peu chamboulé nos procédures bien huilées. L’interruption des chaînes d’approvisionnement et les retards de livraison de pièces nous ont mené la vie dure.
Qu’est-ce que cela implique concrètement pour la sortie des marchandises ?
Thomas Zöschinger: En plus de l’expédition régulière de nos CTA et de nos pièces de rechange, la part de livraisons différées à emballer et à envoyer en supplément a augmenté. Pour nous, cela signifie un surcroît de travail et des reprogrammations en permanence. Au service des expéditions, cela fait déjà partie de l’activité quotidienne.
Chez robatherm, tous les processus tournent autour de la livraison ponctuelle des centrales de traitement d’air. Et les changements dans les formalités concernent précisément ce facteur critique qu’est l’expédition. Une tâche gigantesque ?
Thomas Zöschinger: Ça tombe bien. C’est ainsi qu'il faut se le représenter : nous avons tout planifié et coordonné, étape après étape, pour livrer dans les délais sur le chantier. Nous avons certes déjà été confrontés à des conditions de circulation imprévisibles comme des embouteillages ou des pannes. Mais depuis peu, d’autres obstacles se dressent sur notre route. En particulier ceux sur lesquels nous n’avons pas ou peu d’influence.
Pouvez-vous nous donner un exemple ?
Thomas Zöschinger: Malheureusement, les défaillances de dernière minute des conducteurs de camions et des véhicules sont devenues monnaie courante.
Cela paraît évident. Le coronavirus n’a vraisemblablement pas facilité la situation ?
Thomas Zöschinger: C’est comme ça, et la surcharge de travail liée à la pandémie se cumule : d’une part, les règles de quarantaine et les formalités d’admission compliquent la mise à disposition. Et d’autre part, en raison des mesures de sécurité, nous devons prévoir davantage de temps pour le chargement et le déchargement. Il est clair que les conditions dans le secteur des transports sont devenues nettement plus compliquées. Par chance, nous sommes bien préparés et, en règle générale, tout arrive malgré tout en bon état et dans les délais.
En conséquence, on pourrait penser que le report des délais vous aurait facilité la vie, n’est-ce-pas ?
Thomas Zöschinger: En aucun cas. Car les reports importants se répètent malheureusement trop fréquemment. Souvent même de plusieurs mois. Le principal problème réside dans les capacités de stockage qui sont véritablement très confortablement dimensionnées chez robatherm. Dans notre usine de Jettingen-Scheppach, il y a en effet tout un hall permettant de stocker et de charger les centrales nettoyées et conditionnées de façon hygiénique pour le transport à l’abri des intempéries. On peut maintenant très bien imaginer ce qu’il se passe en cas de report de délai : les centrales prêtes à être expédiées occupent la place dont nous avons besoin pour les centrales neuves suivantes.
Au bout d’un moment, cela commence à coincer. Avec quelles conséquences ?
Thomas Zöschinger: Nous planifions les choses très consciencieusement. Cependant, en cas de report de longue durée, les centrales concernées doivent être entreposées temporairement à un endroit où elles ne constitueront pas un perpétuel obstacle. Et plus elles s’accumulent, plus nous devons les déplacer fréquemment. Il faut enfin charger à temps les centrales dont c’est le tour d’être expédiées.
La situation dans le trafic des marchandises et le transport n’est-elle pas tendue partout ?
Thomas Zöschinger: Absolument. Et nous ne voulons pas seulement garantir que les CTA soient transportées d’un point A à un point B. Le transport et la livraison doivent répondre sans faille à nos exigences de qualité. Comme nous misons sur un haut niveau de fiabilité, nous ne pouvons et ne voulons travailler qu’avec des entreprises de transport choisies avec soin, ce qui nous amène au problème suivant...
Quel est-il ?
Thomas Zöschinger: L’ensemble du marché logistique est pris dans des turbulences. En plus de tous les impondérables que rencontre le transport par voie terrestre, le transport maritime se met également à tanguer. Depuis quelques temps, les conteneurs vides font défaut. Mais d’autre part, des camions vides sont disponibles. Cependant, on manque de chauffeurs qualifiés. De plus, les prix du carburant crèvent le plafond, ce qui fait gonfler le coût du transport. On a besoin d’une équipe solide pour maintenir les choses à l’équilibre. Il est rassurant pour moi de savoir que je peux compter sur mes collègues.
Dans de telles circonstances, vous devez certainement souvent faire des compromis ?
Thomas Zöschinger: Nous devons avant tout fixer des priorités. La satisfaction des clients est bien entendu notre objectif numéro un. Et les conditions sont ce qu’elles sont. Par exemple, nous faisons toujours en sorte que les chauffeurs de camions que nous employons parlent la langue du lieu de destination. Dans la situation actuelle, cela ne fonctionne pas toujours. Mais l’expérience montre aussi qu’une livraison ponctuelle est essentielle pour nos clients. Par conséquent, en cas de doute, nous préférons livrer dans les délais en Espagne plutôt que d’attendre un chauffeur parlant espagnol.
Vous décrivez de manière impressionnante le nombre d’obstacles que vous avez dû surmonter en parallèle dans le domaine logistique. Y a-t-il encore de la place pour d’autres thèmes généraux comme le développement durable ?
Thomas Zöschinger: À chaque fois que possible, nous tâchons de mettre en œuvre des procédures durables. Pas seulement avec l’utilisation de chariots-élévateurs électriques. Mais aussi par exemple en évitant les déchets et en recyclant les matériaux d’emballage comme les chips ou les palettes en bois. Par ailleurs, nous pouvons minimiser le nombre de camions nécessaires par une planification optimale du transport, ce qui fait baisser les émissions polluantes.
Pourtant, de nombreux camions quittent chaque jour le centre des expéditions de robatherm. Cela ne va-t-il pas à l’encontre de l’ambition actuelle en faveur de davantage de durabilité ?
Thomas Zöschinger: Bien entendu, il y a toujours un potentiel d’amélioration. Mais je peux vous assurer que nous répartissons les volumes de transport dans le moins de camions possible. D’ailleurs, cela permet aussi de faire baisser les coûts. Nous choisissons généralement les véhicules en fonction de l’espace requis afin d’éviter les espaces de chargement vides. L’une des variables d’ajustement possible est de regrouper les livraisons vers nos partenaires internationaux. Le mot d’ordre est le suivant : envoyer sur les routes des camions aussi chargés que possible.
Est-ce que ça marche à chaque fois ?
Thomas Zöschinger: Oui, la plupart du temps. Néanmoins, lorsque nous n’avons plus aucune influence sur certaines conditions, il est difficile d’assurer un transport durable. Par exemple, lorsque des clients demandent une livraison « Just-In-Sequence ». Concrètement, cela signifie qu’il faut toujours livrer une pièce de la centrale correspondant à la séquence de montage concernée. Par conséquent, nous ne pouvons plus répartir les pièces de la centrale de manière optimisée dans les camions, mais nous devons nous adapter au déroulement du montage sur le lieu de destination. Naturellement, cela va à l’encontre de notre planification efficace.
On demande souvent davantage de transport de marchandises par rail. Pensez-vous que ce serait une alternative envisageable pour robatherm ?
Thomas Zöschinger: En principe, c’est une demande pleine de bon sens. Pour robatherm, c’est un complément idéal, mais pas une alternative. En effet, dans un grand nombre de cas, les centrales sont tout simplement trop grosses pour un transport ferroviaire par conteneur. En outre, presqu’aucun chantier ne dispose d’un accès ferroviaire. Mais même dans ce cas, celui-ci ne serait pas adapté pour robatherm, bien que nous nous situions directement sur la ligne Ulm - Augsbourg.
Cela signifie-t-il que le rail n’est pas un mode de transport adapté à robatherm ?
Thomas Zöschinger: Bien au contraire ! Nous travaillons même de façon très intense avec le terminal à conteneurs situé à proximité. Si le scénario le permet, nous chargeons les centrales et le matériel dans les conteneurs ici en usine. Après un bref parcours sur route, le chargement a lieu sur un train de marchandises – puis, le cas échéant, le transport se poursuit sur un bateau. Mais sur le lieu de destination, nous avons à nouveau besoin du camion pour les derniers mètres jusque chez le client.
Pouvez-vous évaluer approximativement le nombre de trajets que robatherm effectue sur rail ?
Thomas Zöschinger: Le nombre varie assez fortement. En 2020, par exemple, nous avons chargé près de 700 conteneurs, ce qui signifie que nous avons transféré 700 longs trajets en camion de la route vers le rail. Ainsi, nous ne roulons pas seulement relativement bien, mais aussi relativement durablement.